Projet PORTIC : Les dynamiques de la navigation et du commerce du XVIIIe siècle
Le projet Portic a réuni historiens, économistes, informaticiens, géomaticiens et designers dans le but de mieux comprendre le commerce français, tant national qu’international, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
L’Europe traverse alors une phase de forte croissance. Comme de nos jours, le gros du commerce s’effectue par voie maritime. Toutefois, en raison des coûts élevés du transport par voie terrestre, à cette époque la navigation relie aussi des ports et des régions proches. Ce sont donc des dizaines de milliers de trajets par an qui animent la vie des ports français de l’époque et qui soutiennent la croissance économique.
Il s’agit dès lors de mieux comprendre comment ces trafics sont structurés, qui en sont les acteurs, en quoi ils contribuent à façonner les espaces économiques. Face à une masse de données imposantes, et dans sa volonté de les rendre accessibles à des publics non spécialistes, Portic a eu largement recours aux humanités numériques. Le programme a bénéficié de l’existence de deux bases de données, l’une relative à la navigation (trafics des ports), l’autre au commerce (produits et partenaires commerciaux). Portic a considérablement accru la masse de données disponibles sur la navigation des ports français au XVIIIe siècle, et mené à bien un travail majeur pour les rendre exploitables et pouvoir les croiser avec les données sur le commerce.
L’équipe a ainsi élaboré des outils de visualisation efficaces pour permettre aux utilisateurs extérieurs au projet d’interroger les données sur la navigation et d’en visualiser le contenu, puis de télécharger les cartes ou les données. Il est ainsi possible de suivre le trajet d’un navire ou d’un capitaine en particulier, ou de placer des filtres pour visualiser la distribution, par exemple, de l’ensemble des navires sortis de Nice ou d’Antibes à destination de Marseille.
Les données visualisées ne sont pas le simple reflet des informations livrées par les sources : il s’agit de données ‘enrichies’ par la connaissance experte de l’historien, qui les désambiguïse, évalue, et interprète. Le travail de visualisation s’accompagne ainsi, entre autres, de la qualification du degré d’incertitude propre à ces données, que ce soit en raison des lacunes des sources, de la présence d’éléments contradictoires ou vagues, ou du fait que les sources relatent des événements futurs, que nous pouvons parfois confirmer ou refuser, mais qui restent parfois incertains.
En parallèle du travail de visualisation des sources sur la navigation, l’équipe a mené à bien trois études de cas qui croisent ces données avec celles sur la valeur et les produits du commerce extérieur français. Elles ont donné lieu à trois productions sur le web, qui associent un texte narratif avec des visualisations interactives des données. Ces études ont permis de montrer que le port de La Rochelle perd sa capacité de structurer l’espace régional dans la seconde moitié du XVIIIe siècle ; que le port franc de Dunkerque effectue plus de contrebande en direction de la France que de l’Angleterre, contrairement à une image reçue ; et que la croissance de Marseille, l’un des deux principaux ports français au XVIIIe siècle, repose encore très largement sur sa capacité de s’imposer dans les trafics à l’intérieur de la Méditerranée, ce qui lui donne une forte capacité de résilience.
Toutes les données et les visualisations produites par Portic sont accessibles en ligne, depuis son site : https://anr.portic.fr
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Découvrez le portrait de Silvia Marzagalli à l'origine du projet PORTIC !
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